TIBOUDMAIN
Je marche dans la rue, le soleil a son zénith.
Il y a pleins d’obstacles à éviter.
Pourtant, toute mon attention est portée sur une main.
Elle balance au bout d’un bras, mais ça ne m’intéresse déjà plus.
TOUT tient à cette main.
Elle ne semble pas affectée par sa propre inertie et fend l’air vivement.
Son mouvement de balancier est hypnotisant ;
il est de ces mouvements que l’on peut contempler hors du temps, car le temps s’arrête à leur contemplation.
Comme-ci cette main emportait toute la masse du membre sans le moindre effort.
S’en dégage une sensation de légèreté
qui tient tout autant à son agile fluidité
qu’à sa texture.
Il semblerait que la main ait été sculptée à partir d’un nuage d’albâtre.
D’abord simplifié, afin d’en équilibrer idéalement les proportions.
Puis ciselé de longues heures durant jusqu’à obtenir un lissage de Pégase.
Je me saisis de cette main. Elle m’échappe.
Ce n’est pas comme-ci elle m’avait rejeté, mais elle m’est insaisissable.
Pendant un temps, mon attention se détourne sur l’arête du trottoir qui défile entre elle et moi.
Du béton, un quelconque béton.
Mais dur et concret.
Je me saisis de la main. Je la tiens cette fois.
Elle me rejette. Trop tard, elle m’échappe.
A toute allure, elle disparaît dans une grappe de mains anonymes.
Son mystère, in élucidé, disparaît avec.
Le trottoir est toujours aussi dur, banalement gris.
Curieusement, le mystère semble s’y diluer.
Je crois finalement deviner l’origine de mon trouble.
Il s’agissait de la main d’Alexandra.