Vunion Lautrec, chapitre 16 [10000]

 

Elle faillit le gober d’un coup quand le pélican lui proposa un marché.

-Balak attends ! Tsé j’ai un bon deal pour toi. Je laisse mes gosses dévorer que tes jambes, et ensuite j’te relache où tu veux.
-Ca me parait encore bien douloureux, moua-t-elle. J’ai envie de mourir, mais que se soit propre, comme un euro neuf.
-Leur bec, il est trop aiguisé aussi tsé, avec un anesthésiant intégré, ya pas de souçaillde.
-Si justement, répondit-elle en montant d’un ton.
-C’est réglo, j’t’emmène, s’obstina-t-il en prenant un virage serré et en traversant le mur du son.
-Je lâche le poisson immédiatement !
-Ne fais pas ça, t’es trop bête, dit-il en rétrogradant sous la vitesse sonique. J’peux t’faire un pont en or sur la côte ouest ma grande. Avec des chaînes autour du coup et des vrais havanes.
-Premièrement, au petit déjeuner je mange une pomme avec du pain, et non des chaînes. Secondement, je ne fume pas, c’est tellement dérisoire et mauvais. Dernièrement, que ferai-je d’un pont tout rigide et aussi voyant ?
-Attends, j’te calcule pas au niveau de ma proposition mortelle.
-Tu as écouté ce que je viens de dire ?
-Yo, mais t’as pas dû capter mon langage imagé. J’t’ai fais un deal de ouf, tu peux pas refuser.
-Cette fois c’est toi qui attends ! Je ne sais pas ce qu’elles ont mes jambes pour toi, ce pourrait être flatteur dans un autre contexte, mais là ça m’écoeure.
-Elles sont bonnes conclu-t-il.
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Le dos d’Alexandra m’a inspiré

TIBOUDOS

Concrètement, ce n’était qu’un dos.

Mais alors pourquoi celui-ci m’emplissait-il de mystère ?

La fenêtre, transperçant le mur, laissait déjà passer les rayons orange du soleil. Ainsi, une chaude lumière remplissait la pièce et enveloppait le dos. On avait l’impression qu’il se faisait le plus beau du monde, afin de rivaliser avec notre étoile.

Le dos se soulevait régulièrement, dans un mouvement aussi ample que fluide, totalement hypnotisant. La peau semblait se dédoubler et former un halo presque divin. Sous l’effet de cette respiration, les reflets dorés qui s’y dessinaient en scintillaient.

La fenêtre, dont la vitre était tirée, laissait aussi entrer les senteurs de l’été. La douce chaleur faisait perler une fine pellicule d’eau sur la peau toute lisse. Si bien que sa légère fragrance me parvenait. Elle était à la fois épicée et suave. Une bouffée d’air frais me faisait tourner la tête.

Ce dos ciselé pour les regards les plus exigeants, n’était qu’une tentation pour le toucher. Mes mains tremblaient sensiblement. Cependant, je ne pourrais en connaître l’aspect.

Etait-ce la raison du mystère ?
Ou bien venait-il de la coïncidence de tous ces détails réunis ?
Peut être que le secret était tout simplement qu’il s’agissait du dos d’Alexandra.

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Vunion Lautrec, chapitre 15 [1111]

Elle attrapa la rambarde de ses mains recouvertes de croûtes de sang noir séché et se jeta.
Flell fléchit sur ses genoux. A la sortie du vitatif il se sentit faible. Mais quelque chose d’autre l’avait fait défaillir. Ce séjour n’avait rien changé, il pensait toujours à elle, ce qui dépassait les capacités de sa fonction.
Il comprit alors un aspect crucial : ce voyage n’était pas inutile dans la mesure où il lui fit réaliser l’importance de l’attachement qu’il portait à Blanchette. Il devait sortir de sa fonction, oublier ce système, et faire passer le sien propre avant : libre arbitre indispensable.
En quittant l’Aretha Lesta, Flell avait de la guimauve plein la bouche jusqu’au fond de la gorge. La substance molle et sucrée remontait dans ses sinus et remplissait son crâne. Sa caboche était lourde et douloureuse ; il lui était impossible de prendre une décision. Mais comme il marchait pour sortir du bâtiment, et qu’il ne pouvait entreprendre de s’arrêter, son enveloppe corporelle déambulait tel un escargot à qui on aurait coupé les antennes rétractables. Dans cet état, à ce moment précis, il s’en branlait la coquille.
D’ailleurs, en traversant la rue, les véhicules glissaient sur lui et les grenouilles s’écrasaient toujours à côté de ses pas. Comme si ce retrait de lui-même, le soustrayait aussi aux dangers réels et physiques du monde.
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Vunion Lautrec, chapitre 14 [1110]

Ses yeux s’écarquillèrent quand elle vit Flell en sortir, un sac à la main. Il venait d’acheter quelques objets roses, car des formes anguleuses bombaient la surface du sac. Elle fut submergée de plaisir en le voyant. Sa simple présence vivante à quelques mètres de là, créa un feu d’artifice dans son esprit et une vague de lave dans son corps. Mais elle n’osait bouger. Il ne l’avait pas vu et elle restait immobile. Il s’éloignait dans un effet de ralenti, tandis que l’esprit de Blanchette tournait à la vitesse d’une essoreuse de bonne qualité. Cependant il tournait en boucle et dans le vide, aucune décision ne fut prise au moment où la silhouette de Flell fut engloutie par la foule de la coupole. Le contact était rompu.
Elle passa alors instantanément de l’ahurissement à une colère envers elle-même. Elle vit un piano tomber à très grande vitesse vers le sol et se précipita en dessous. Aplatie, elle se releva et lança son poing dans le vide. Il heurta un enfant au visage, elle s’excusa et alla s’enfermer dans un four à poulet de la galerie. Elle ressortit en cendres et fit quelques pas sans but. Puis son esprit commença à former l’idée de l’impossibilité. Ça ne pouvait pas se finir ainsi, elle devait agir. Elle se jeta enfin dans la direction qu’il avait emprunté. Evidement, elle vit son véhicule disparaître au loin.
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J’ai décortiqué un film, pour en faire un film

Voici l’analyse filmique, par Aurélien de Sutty, du film « Ce jour là »de Timothée Fallet.
Je vous conseille de découvrir son film avant. Pas réellement pour le regarder, mais plus afin de profiter du mien, on est d’accord.
Je ne sais pas pourquoi, en découvrant ‘Ce jour là’ j’ai eu envie de me prêter à cet exercice. Surement une résurgence de mes cours de fac d’arts du spéctacle.

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Pour l’anniversaire de Julien Cu.

RuLio bataRd !
 
Il a un gros cul et des petits yeux, c’est pour cela que la communauté gay l’aime.
Il est rejetté par ses amis punks car il a la peau trop rose, il lui arrive même de pleurer quand ses potes à coupe Iroquois lui hurlent
« pédé refoulé, pédé refoulé, go fuck yourself, you fag »

Mais rulio, il s’en branle au fond, car il sait.
He knows.
Au milieu de toutes ses conquêtes d’un soir, une petite fleur rayonne dans son cœur :
Sa mère – the mother of all things – comme il aime l’appeler.

Car en le mettant au monde, elle est aussi celle qui a créé son monde, celui qui vit dans sa tête.
Alors RuLio, il sourit en coin à tous ces konards qui se rattachent à des communautés pour mieux segmenter la réalité et il repense sans cesse au jour où il est né.

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Une nouvelle inexorable

17/02/06

n’importe quoi
ça recommence toujours
il s’est cassé sur lui-même, mais il ne sait pas comment s’en sortir seul
c’est la première fois que ça lui arrive
il se sent mal
les autres regardent, comme des enveloppes d’animaux
il ignore le monde
ça beugle encore plus
il s’efforce de se redresser, mais il n’en peut plus
des veines se forment aux tempes ; vertes, elles ressortent sur la peau rougie
les mains sont fermées, crispées, tétanisées
la position est de plus en plus inconfortable
plus il cherche à s’en sortir, plus il se sent pris au piège
comme si le niveau de l’eau montait à chacun de ses mouvements
des crampes le prennent un peu partout
son équilibre vacille
la rigidité de son corps ne lui permet pas de réajuster
il va basculer
une main secourable se déploie
tant pis, il s’écrase durement sur le carrelage
du pur sang se répand à grande vitesse
le contour de cette flaque rouge est parfait
la forte lumière blanche des néons s’y reflète en liseré pour le souligner
la douce main secourable tente de le soulager, de le réconforter
il est bien tard pour cela
c’est inutile, voire déplacé
elle le comprend et fuit
enfin libéré de sa position, il se laisse aller
une flaque, noire cette fois, au contour flou et terne se forme à sa braguette.

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Vunion Lautrec, chapitre 13 [1101]

Il lui rendit un sourire qui se figea aussitôt quand il vit que le rose ambiant virait au vert émeraude. Ce phénomène assez anodin somme toute, le fit paniquer. Il se prit la tête à deux mains et enfonça ses paumes dans ses yeux. Il frottait très fort et rouvrait les yeux de temps en temps, afin de vérifier que sa vision continuait à lui jouer des tours. Quand tout fut vert, il chercha à se calmer en respirant profondément. Ce ne fut que la main qu’elle posa sur son épaule qui le rassura complètement.

-Ce n’est qu’un colorant de vision, je sais qu’on en parle peu car les gens n’y voient aucun intérêt, mais c’est sans danger prouvé. J’avais peur que mon intérieur vous lasse.
-Votre intérieur ne me lasse pas, mais je suis heureux de faire cette découverte.
-Il existe d’ailleurs une infinité de coloris, puisque vous pouvez faire les mélanges vous-mêmes ! C’est assez drôle à l’usage, et ça vous évite de déprimer si tôt venu les premiers jours de l’hiver dans nos contrées. Bien sûr si nous habitions en Guadeloupe… Il y a même un bloqueur chimique, afin de vous empêcher de créer un colorant noir opaque, qui vous rendrait instantanément aveugle. Et comment serait-il possible de faire une nouvelle préparation, pour se tirer de ce mauvais œil, une fois devenu aveugle ?!
-Je vois qu’ils ont pensé à tout.
-Ils sont assez forts, ce sont des pros.
-Mais étant un professionnel aussi dans mon domaine, je ne vous lâcherai pas d’une santiag.
-J’avais compris cela en vous voyant arriver. Mais je suis désolée de vous décevoir, mon moral est au plus haut, et ce, sans utiliser de colorant, malgré la grisaille ambiante. J’ai tout de même prévu un lit d’appoint car je n’ai aucunement envie de me fâcher ou d’user de violence contre vous.
-C’est aimable.

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